Pourquoi avoir décidé une semaine de dépistage « Flash » en septembre dernier ?
Pr E. Bouvet : A la suite de l’expérience réalisée l’an dernier par l’association Sidaction, qui avait organisé une semaine de sensibilisation au dépistage rapide auprès de la population homosexuelle, le ministère de la Santé a demandé aux Agences régionales de santé de renouveler cette opération sur un public plus large sur une semaine. Les 5 COREVIH d’Ile-de-France ont été mobilisés dont le nôtre. Nous nous sommes naturellement inscrits dans cette démarche. D’autres acteurs ont participé à cette opération « Flash Test VIH » comme les associations de patients, les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), les équipes soignantes des services des maladies infectieuses des hôpitaux. La nôtre s’est mobilisée pour ce test réalisé dans un café de la Porte Montmartre avec d’autres partenaires.
Vers quel public plus particulièrement vous êtes vous tournés durant cette opération ?
Pr E.B. : Sur la population migrante et plus particulièrement vers les foyers où elle loge. Nous avons d’ailleurs travaillé avec des associations qui ont une expérience de travail et d’actions dans les foyers de travailleurs migrants comme Uraca, Ikambéré…
Comment appréciez-vous ces nouveaux tests rapides et de diagnostic ? Est-ce que cela change quelque chose ?
Pr E.B. : Cela a d’abord bousculé nos habitudes, notre rituel qui était un peu immuable : recevoir les personnes, faire le test, attendre un certain temps puis accueillir la personne séropositive, lui faire l’annonce avant de l’orienter vers un psychologue et vers le médecin qui le prendra en charge… Il a fallu se reposer des questions, les équipes ont du réfléchir à nouveau sur leur façon de travailler. Nous avons sans doute dû briser un train-train. Nous observons que les patients sont demandeurs de TROD. Mais comme les résultats sont rapides il faut que ceux qui les réalisent soient prêts à assumer le fait de donner un résultat positif et à assurer la prise en charge. Cela signifie qu’il faut avoir bâti un réseau avec les équipes médicales et sociales pour offrir rapidement la réponse à la personne concernée. Cela oblige à être plus réactif et plus organisé. Ce qui est sûr c’est qu’en étant plus audacieux dans le dépistage, et les TROD nous le permettent, nous pouvons faire reculer les contaminations ignorées et contribuer ainsi, par une mise sous traitement rapide, à enrayer l’épidémie. C’est en tout cas notre objectif. J’ajoute que l’idéal c’est de pouvoir pratiquer tout à la fois le dépistage au VIH et celui au VHC.
Recueillis par Mireille Riou