Après "Le tour du Monde avec les arbres de la Goutte d’Or" publié l’été dernier, Jacky Libaud de Balades aux jardins, vous propose durant ce mois d’août une "Petite histoire de la Goutte d’Or à travers ses immeubles".
Bel été à toutes et à tous !
Rue Cavé, face à l’Echomusée
A partir des années 1840, notre quartier s’est développé à une vitesse vertigineuse pour accompagner la révolution industrielle.
Dès 1836, monsieur Pauwels, le maire de la Chapelle, avait installé entre la rue Léon et la rue des Poissonniers une usine de machines à vapeur, et dans la rue qui porte son nom, monsieur Cavé fabriquait les premières locomotives qui allaient relier la gare st Lazare à st Germain en laye.
Il fallait également construire les fameuses "fortifs" tout autour de Paris, puis bientôt les gares du Nord et de l’Est, avant d’entamer la construction de l’hôpital Lariboisière.
Pour réaliser tous ces chantiers d’envergure, de nombreux ouvriers arrivaient de province et s’installaient à la Chapelle où la vie était moins chère, car les denrées moins taxées que dans la capitale (le mur des fermiers généraux n’a été détruit qu’en 1860).
La Goutte d’Or s’est donc peuplé à cette époque de nombreux ouvriers, souvent jeunes et célibataires, arrivant surtout de Picardie, du nord et de l’est de la France.
De nombreux belges se sont également installés dans le quartier, le plus célèbre étant Adolphe Sax, inventeur du saxophone, qui dès 1842 avait créé une fabrique d’instruments à vent au 84 rue Myrha.
La plupart des nouveaux arrivants habitaient dans des hôtels meublés, des "garnis", tels que celui sur la photo et menaient une vie très dure.
En 1846, 10% des habitants du quartier vivaient dans des hôtels meublés.
Accompagnant cette arrivée massive d’hommes seuls, de nombreux bordels sont apparus, surtout dans la rue de la Charbonnière, qui à la fin du XIXe siècle était décrite comme l’équivalent de certaines rues dédiées à la prostitution, dans les villes de garnisons ou dans les grands ports.