Paris Goutte d’Or revient sur la réunion d’information de la Mairie du 18è et de la Ville de Paris qui s’est tenue le 6 décembre dernier à la Salle Saint Bruno sur le sujet des mineurs isolés non accompagnés.
Reprise de la réunion du 6 décembre sur les « mineurs isolés »
La réunion publique sur les mineurs isolés, était présidée par Eric Lejoindre Maire du 18ème avec la participation de Dominique Versini, Adjointe à la Maire de Paris chargée de toutes les questions relatives aux Solidarités, à la lutte contre l’Exclusion, à l’accueil des réfugiés et à la Protection de l’Enfance, de Colombe Brossel, Adjointe à la Maire de Paris chargée des questions relatives à la Sécurité, la Prévention, aux quartiers populaires et à l’Intégration, de Gérald Briant, Adjoint au maire du 18éme chargé des affaires Sociales, de l’Hébergement d’Urgence et de la lutte contre les Exclusions, de Valérie Goetz commissaire de police de l’arrondissement, de Laetitia Felici substitut du Procureur au parquet des mineurs, de Jean Paul Raymond directeur de la DASES et de Gil Petit-Gats directeur général du Centre d’Action Sociale Protestant (CASP).
Après une longue intervention des représentants des pouvoirs publics et une présentation succincte par le directeur général du CASP, de vifs échanges s’en suivirent avec la salle en particulier avec des militantes de « Au cœur de la Précarité » accompagnées de quelques jeunes marocains qui purent dire quelques mots.
Ce qui ressort de cette réunion,
L’aveu d’échec des dispositifs déployés depuis le printemps dernier malgré les alertes lancées par les habitants et les associations demandant des mesures adaptées à une situation nouvelle.
La Ville, les services de police et de la justice semblent avoir pris la mesure de la situation et ont décidé de mettre en place un nouveau dispositif.
Une convention a été passée avec le Centre d’Action Sociale Protestant (CASP) qui travaillera en partenariat avec des associations habituées à la prise en charge des jeunes en errance.
Le CASP, organisation laïque, assurerait une continuité de la prise en charge 24h/24h, 6 jours sur 7 sous la forme d’un passage de relais entre les différentes équipes nuit / jour. Une vingtaine de salariés travailleurs sociaux interviendront sur le quartier auprès de ces jeunes en multipliant contacts et maraudes. Un local d’accueil de jour proche de la Goutte d’Or et un local de nuit dans un autre secteur de Paris gérés par des travailleurs sociaux seront mis à la disposition de ces jeunes. La totalité du projet, suivi physique et psychiatrique compris, serait financé par la Ville/Département de Paris.
Un renforcement policier et judiciaire a été demandé.
Des liens sont pris avec les autorités marocaines et en particulier avec une association marocaine pour essayer de mieux localiser ces enfants.
La ville et ses services réaffirment sa volonté de mettre ces enfants en sécurité comme on le ferait pour n’importe quel autre enfant et, sous les demandes réitérées de la salle, sans les menacer ou même les inciter à un éventuel retour au Maroc.
Après quelques hésitations, la mairie a décidé que le square Alain Baschung soit fermé et gardé temporairement.
Ce qu’il nous semble :
Nous pensons que des mesures exceptionnelles sont nécessaires pour protéger des enfants en danger mais également assurer aux habitants et commerçants la sécurité et la protection dues à chacun.
Nous nous étonnons cependant que les mesures annoncées n’aient pas été davantage concertées en amont avec les associations et en particulier avec celles qui ont établi des contacts de confiance avec ces jeunes enfants.
Nous réaffirmons que toutes les mesures prises ne seront efficaces que si elles s’inscrivent dans une recherche de confiance avec ces jeunes et avec les habitants. Elles doivent également s’inscrire dans une politique plus large de lutte contre les trafics et en particulier de drogues. Elles doivent enfin s’inscrire dans un environnement où la maintenance des équipements publics soit régulièrement assurée, spécialement l’éclairage et la propreté.
A ce sujet nous avons aussi cru comprendre que la proposition concernant la propreté faite par Paris Goutte d’Or, de créer un chantier éducatif avec des jeunes du quartier serait retenue. Mais pour quand, avec qui et avec quels jeunes ?
Nous réaffirmons également que ce n’est qu’en associant les habitants et les associations, tant pour arrêter les mesures à prendre que pour leurs mises en œuvre, que celles-ci s’avéreront efficaces.
Nous réaffirmons également une fois de plus que ce n’est pas en fermant les espaces publics comme les squares et autres lieux, en limitant les espaces de circulation et de vie des habitants qu’on réglera les problèmes d’occupation de l’espaces public.
Ce n’est pas en supprimant les Auto lib’ que sera réglé le problème de l’hébergement des mineurs, c’est en aidant, en soutenant les habitants et les associations locales à s’approprier les espaces que les dialogues de confiance pourront se construire et les trafics régresser. A ce propos Paris Goutte d’Or avait, en lien avec la Goutte Verte, fait quelques propositions : aménagement du square et du jardin potager etc. … Sur ce sujet nous n’avons pas eu à ce jour de réponse.
Nous réaffirmons aussi que ce n’est pas par la violence, policière ou autres, que la vie à la Goutte d’or, comme ailleurs, pourra s’améliorer.
Faire vivre un vrai dialogue ...
Nous avons également noté qu’une réunion du même type se tiendra, à l’initiative de la Mairie du 18éme, en fin du premier trimestre 2018 pour faire le point de la situation.
Nous pensons que d’ici là, le dialogue entre Pouvoirs publics, habitants, commerçants et associations doit être particulièrement privilégié.
Ce dialogue est d’autant plus important et urgent à faire vivre que bon nombre de commerçants et d’habitants n’ont pas pu prendre la parole. Les habitants restent convaincus que la question des mineurs ne sera réglée que par une prise en charge de l’ensemble des problèmes du quartier dont ils n’ont pas pu parler suffisamment. Le sentiment demeure fort de ne pas être entendu et de vivre dans un quartier abandonné par les pouvoirs publics. C’est pourquoi, nous proposons de constituer un groupe de travail réunissant habitants, associations, commerçants et représentants des institutions.