C’était comment, la Goutte d’Or, il y a 50 ans ? 20 ans ? 5 ans ? Goutte d’Or & Vous ressort une archive des cartons qui témoigne de l’évolution du quartier : vieux reportages de JT, revues de presse, pétitions...
Créée officiellement en juin 1978 à l’initiative d’habitants du quartier, l’association Les Enfants de la Goutte d’Or (EGDO) souhaite œuvrer pour l’épanouissement des enfants et des jeunes via la pratique d’activités éducatives, culturelles et sportives.
C’est dans ce cadre qu’en novembre 1978, une section football voit le jour. Trois ans plus tard, le club est engagé dans un championnat géré par la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT). À l’époque, le club des EGDO ne dispose que d’une seule équipe, mais cette dernière accède à la finale de la coupe nationale FSGT face au Gazelec de Nice, en 1982. Un parcours qui booste le nombre de licenciés les saisons suivantes, poussant le club à s’affilier en 1984 avec la Fédération Française de Football. Malgré ça, le club peine à trouver des soutiens financiers afin d’investir dans les tenues de ses équipes, bientôt au nombre de six. "À l’époque on jouait en rouge et en blanc, mais aucun des joueurs n’avaient le même maillot", rejoue Nasser Hamici, actuel coordinateur sportif du club. Mais c’était sans compter sur Bernard Lavilliers.
Au sommet de sa gloire, le chanteur français est invité par un de ses amis à venir voir jouer Les Enfants de la Goutte d’Or. Sous le charme de ces gamins, Lavilliers propose de financer un jeu de maillots. Et pas n’importe lequel puisque c’est la marque NR, équipementier du Napoli de Diego Armando Maradona, qui s’affiche sur le torse des jeunes du club, au-dessus du visage du parolier engagé. "Je leur avais dit de mettre le nom de ma société : BBC, Big Brother Company. Mais quand je suis retourné les voir jouer, sur tous les maillots, il y avait ma tronche. Discrétion assurée !", racontait Lavilliers au quotidien belge La Dernière Heure.
Idéal pour la sudation, ce maillot en coton est aujourd’hui une relique du siècle dernier. Mais à l’époque, les jeunes du club n’en croient pas leurs yeux, Khalilou Fadiga le premier. "Je peux vous dire qu’on se la racontait dans toute la ville de Paris ! C’était un tel plaisir et une grande fierté de recevoir un maillot de la part de quelqu’un qui nous considérait, explique l’ancien international sénégalais (37 sélections) à la DH. On connaît la mentalité parisienne des gens des quartiers populaires, on a notre dignité. Tu ne balances pas des maillots comme ça en disant ‘Tiens !’ Tu le fais parce que tu as de l’amour et du respect. Et nous, on a accepté cela avec amour et avec respect."