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Mission Papillagou : un outil de prévention innovant

Publié le 18 juillet 2022

Version remaniée d’un outil de prévention créé pour des élèves de primaires, Mission Papillagou est aujourd’hui dispensée dans 23 établissements de Seine-Saint-Denis et de Paris. C’est le cas du collège Aimé Césaire dans le 18ème arrondissement, où l’équipe de l’APSAJ est intervenue à la mi-mars. Le but ? Aider les élèves à développer leurs compétences psychosociales.

Ce mercredi 16 mars, les 5èmes D du collège Aimé Césaire ne s’apprêtent pas à prendre place dans un engin qui les emmènera dans l’espace. Mais la mission qui leur est proposée relève tout de même de la plus haute importance, ce qui les pousse à être attentifs à la lecture de ce conte introduisant les trois demi-journées qu’ils vont passer aux côtés des éducateurs.rices de l’APSAJ. Ces derniers sont là pour les faire participer à Mission Papillagou, un outil de médiation ludique et de prévention participatif. Répartis en 4 équipes, les élèves vont explorer une planète inconnue nommée Solaris. Celle-ci ayant le pouvoir de fabriquer des rêves, elle a attiré à tout jamais les 4 équipes de cosmonautes qui l’ont visitée récemment. Mais avant de disparaître, ils ont laissé des notes au sein desquelles ils évoquent la présence sur Solaris d’une chose mal identifiée et appelée Papillagou.

Aux origines de Papillagou
Pour trouver la première trace de Mission Papillagou, il faut remonter à 1998, date à laquelle l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) et l’Institut Suisse de Prévention des Addictions (ISPA) élaborent « Papillagou et les enfants de Croque-Lune ». Retravaillé en 2012 par l’association Accueils Préventions Cultures : Intercommunautaire et Solidaire (APCIS), en partenariat avec la Mission Métropolitaine de Prévention des Conduites à Risques (MMPCR) et la Mission de prévention de la violence scolaire de Seine-Saint-Denis, l’outil va être importé à Paris en 2016 dans le cadre d’un groupe de travail sur l’engagement des jeunes dans le trafic.

Testé dans un collège avant que l’expérimentation ne se diffuse dans d’autres établissements, l’outil est aujourd’hui intégré à la stratégie parisienne de prévention des rixes. À ce titre, le programme reçoit le soutien financier de la Ville de Paris et plus récemment de la région Ile-de-France.

Située à cheval entre le 18ème et le 19ème, l’APSAJ coordonne l’essaimage du projet sur la ville mais aussi la mise en œuvre des interventions par la mise en lien d’acteurs socio- éducatifs avec leurs collèges de proximité. Chaque intervention suit le même format, soit trois demi-journées de 3h qui se décomposent en deux parties : une première partie de session où les élèves réalisent deux activités en petits groupes et une deuxième partie de session où la classe se réunit pour débriefer de ce qui vient d’être vécu. L’objectif de cette pédagogie innovante étant d’améliorer l’estime de soi, renforcer ses compétences psychosociales, conscientiser les risques liés à certains comportements et améliorer le climat scolaire.

Objectif estime de soi
Dans la classe de 5ème D du collège Aimé Césaire, cette pédagogie innovante se traduit d’abord par le cadre-même de l’outil. En effet, chaque équipe doit respecter 3 consignes : se respecter mutuellement, prendre des décisions communes par consensus et garder secret le nom de leur équipe. Ce sont des étudiants-stagiaires partenaires du projet qui accompagnent les groupes d’élèves dans la réalisation des activités en assurant le respect de ces règles lors de la première partie de demi-journée. Et à chaque activité terminée, il faut pointer au poste central afin de la faire valider et passer à la suivante.

Au poste central ou pendant les activités, les éducateur·rices de l’APSAJ et celles en stage accompagnent, aiguillent, tempèrent et questionnent les élèves. Que ce soit sur l’activité en elle-même, sa transposition dans la vie quotidienne ou même son utilité au regard de ce qu’il se passe au sein du groupe-classe. Ces échanges s’intensifient au fur et à mesure de la mission, le but étant également que chacun·e puisse affirmer ses idées. Coopération et communication dans le respect des différences sont les maîtres mots de la Mission Papillagou. Cela est particulièrement prégnant dans les activités proposées, notamment celle sur la question du genre, qui anime la table de l’équipe des cosmographes, où le consensus s’avère parfois difficile avant qu’il ne pointe le bout de son nez suite à des discussions riches et respectueuses entre ses membres.

L’intervention de l’APSAJ, que certain.e.s élèves connaissent déjà, permet aussi de développer le capacité à entrer en empathie avec les autres. Pour ça, une équipe doit réaliser un cadeau collectif puis l’offrir à un.e de ses camarades alors qu’une autre doit lister les points forts de tous les éléments de la classe. Une manière, donc, aussi de travailler l’estime de soi, quand des activités ont pour but d’amener les élèves à se questionner sur les frontières parfois poreuses entre l’enfance, l’adolescence et la vie adulte, avec tout ce que cela englobe comme responsabilités et (dés)avantages. Le sujet du harcèlement scolaire est lui aussi abordé de manière détournée, mais pas que puisqu’en début de mission, une des quatre équipes doit inventer une rumeur sur une nouvelle qui pourrait être attendue par le groupe-classe (cadeau à l’issue du jeu, vacances anticipées, etc.), avant de la faire circuler discrètement comme si c’était un secret qui n’avait rien avoir avec le jeu.

Enfin, d’autres activités comme celle consistant à proposer des bonbons aux autres équipes en échange d’un service qui sera rendu à la fin de la mission, ont pour objectif de reproduire certaines situations complexes auxquelles les jeunes peuvent être confrontés dans la vie de tous les jours, que ce soit au collège, à la maison ou dans la rue.

Se laisser le temps de grandir
Aujourd’hui bien implantée sur le territoire parisien, Mission Papillagou est un véritable atout pour les élèves de 6ème et 5ème, mais aussi pour les éducateurs de rue de l’APSAJ. Car il n’est pas toujours facile de pénétrer les établissements scolaires et de mobiliser une ou plusieurs classes pendant trois demi-journées. Mais le résultat est au rendez-vous, et au collège Aimé Césaire, non loin La Chapelle, Marx Dormoy et La Goutte d’Or, Mission Papillagou est reconnue d’utilité publique.

En effet, ces interventions permettent de débloquer des situations parfois complexes. Que ce soit le harcèlement scolaire, qui a été accentué ces dix dernières années par les réseaux sociaux, les conflits mais aussi les problèmes d’addiction à la drogue ou à l’alcool. L’intervention favorise également l’identification des éducateur.rices sur le territoire. Ainsi, les élèves savent qu’en cas de problèmes, ils peuvent se tourner vers l’APSAJ. Ceci est particulièrement important car entrer dans un collège permet au club de prévention d’avoir accès à des jeunes en difficultés qu’ils n’ont pas forcément l’occasion de croiser habituellement.

Après trois demi-journées riches en échanges et en réflexions sur soi et sur les autres, Mission Papillagou se clôture par un débat collectif construit à partir, et autour, des activités menées lors des trois demi-journées, avant que soient lues à voix haute 4 « maximes » de Papillagou, dont une dernière pleine de sens : “ ll faut se laisser le temps de grandir, sans brûler les étapes.

RETOURS D’EXPÉRIENCE SUR MISSION PAPILLAGOU

Nicolas, chef de projet Mission Papillagou à l’APSAJ
Les interventions Papillagou permettent vraiment de débloquer des situations, qui n’émergent d’ailleurs pas nécessairement pendant les trois demi-journées. On a l’exemple d’un groupe d’amies qui avaient participé à Papillagou et qui a prétexté une sortie auprès de l’APSAJ pour dire qu’une de leurs amies était victime de harcèlement moral.

On remarque aussi qu’il y a beaucoup d’établissements qui s’intéressent à Mission Papillagou car il peut y avoir une impuissance face aux problématiques qu’ils rencontrent, que ce soit le harcèlement, les tensions de genre, les violences physiques ou verbales. C’est un outil qui fait aussi fonction de diagnostic dans une classe. D’ailleurs, on propose aussi des projets par la suite pour cibler telle ou telle problématique. Par exemple, à Aimé Césaire, un travail a été fait avec l’EPJ Nathalie Sarraute autour des relations affectives parce que les intéractions garçons filles étaient très violentes. En interne, les établissements scolaires ont aussi besoin de reproduire ces choses-là car ils voient que les jeunes, par le cadre qu’on leur donne, arrivent à dire et formuler des choses intéressantes.

Steven, éducateur à l’APSAJ
Vivre une telle expérience, c’est un gain de temps de six mois dans la relation avec les jeunes car ils vous reconnaissent après dans la rue. Quelques mois plus tard, à la sortie du collège, sur les 30 jeunes de la classe, il y en a 10-15 qui vous ont vraiment intégré, vraiment reconnu, qui se souviennent de votre nom et qui passeront ensuite au local. C’est un travail très différent de ce qu’on fait au quotidien. Au début je me suis dit c’est quoi ce truc, mais il faut le faire.

Puis les enjeux, les avantages et la plus-value de rentrer dans un collège sont gigantesques. Car on aspire à représenter un adulte référent pour eux, mais qui représente quelque chose de différent de l’équipe éducative. C’est particulier et vraiment intéressant de les voir évoluer dans l’école et dans une classe où malgré tout ils vont se comporter comme ils se comportent habituellement. Donc ça nous permet aussi de faire une double lecture et de mieux comprendre certaines choses.

Alice, éducatrice à l’APSAJ
En arrivant à l’APSAJ, on est tous formés à Papillagou puis on est amené à animer les interventions sur notre territoire ou celui de nos collègues. Ce que je trouve vraiment pertinent, c’est qu’on leur propose d’être et de penser différemment sur un jour et demi. Cela leur permet de montrer autre chose et d’être autre chose, d’occuper d’autres rôles et de répondre à des impératifs différents. Ce qu’on leur demande dans le cadre scolaire ce n’est pas toujours naturel, donc ça leur coûte beaucoup. Là, avec Papillagou, on leur présente ça comme un jeu, il n’y a pas de résultat à obtenir en réalité.

Par Maxime Renaudet.



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