Les groupes d’habitants de la Goutte d’Or : des résidents s’expriment et agissent !

La compagnie Gaby Sourire œuvre pour renforcer le lien social et le dialogue dans le quartier de la Goutte d’Or. Des groupes de parole sont organisés avec les habitants du quartier. Chaque réunion permet aux participants de partager leurs ressentis et de faire remonter les problèmes notés dans leur résidence.

“Quand une compagnie s’invite dans un immeuble, il se passe toujours quelque chose”. Telle est la devise de la compagnie de théâtre Gaby Sourire. Depuis 2010, l’association est présente dans les immeubles d’habitat social de la Goutte d’Or à travers différentes actions visant à favoriser la rencontre et la discussion entre les habitants du quartier, notamment les résidents des logements Paris Habitat. Projets de médiation, groupes de parole, actions artistiques et ateliers de théâtre… Tous les moyens sont bons pour renforcer le lien social. Le 8 juin à partir de 17h, la compagnie Gaby Sourire a organisé un groupe de parole à la Maison du Projet, rue de la Goutte d’Or. La salle dans laquelle les participants sont assis autour d’une grande table donne directement sur la rue, la porte est ouverte. “Comme ça, les gens qui passent savent qu’ils peuvent entrer”, explique Sylvie, co-fondatrice de Gaby Sourire et médiatrice du groupe d’habitants. L’ambiance est chaleureuse. Sylvie offre une boisson à celles et ceux qui s’installent autour de la table.

Après les retrouvailles et les présentations pour les nouveaux du groupe, la conversation commence. Sylvie laisse chacun s’exprimer sur les problèmes notés depuis la dernière réunion. Mr N., arrivé parmi les premiers et muni d’une lettre lui annonçant une nouvelle augmentation de loyer, dénonce le manque de réactivité de Paris Habitat par rapport aux conditions de vie dans son immeuble. Il y a peu de temps, un meutre a eu lieu dans son bâtiment rue de Chartres. Rien n’a été mis en place par le bailleur pour renforcer la sécurité de l’immeuble ou offrir du soutien moral aux habitants. Alors qu’il se plaint du manque d’investissement des autres résidents, Sylvie, à l’écoute et force de proposition, suggère d’organiser une autre réunion spécialement dédiée aux habitants du 19-21 rue de Chartres. Mr N. semble découragé. Sylvie lui rappelle que le plus difficile pour faire bouger les choses, c’est bien souvent de mobiliser les habitants et de s’unir.

Le changement par la mobilisation, c’est le cœur de métier de la compagnie Gaby Sourire. Avec ses groupes d’habitants réguliers, l’association donne la parole à des résidents du quartier. Chaque réunion est un espace libre pour parler de son ressenti par rapport au quartier et discuter des problèmes constatés. Rita, habitante de la rue de la Charbonnière, a un grand sourire aux lèvres en annonçant que l’ascenseur de son immeuble est enfin réparé. Par contre, pour le local à poubelle, ce n’est pas encore idéal. Elle dit redouter d’y entrer parce qu’il est toujours dans un état déplorable. “C’est toujours le même problème, le local à poubelles. Il y a encore du travail à faire.” déplore Sylvie.

L’association Gaby Sourire, qui a construit de solides liens de confiance avec les habitants, est en communication directe avec les représentants Paris Habitat du quartier. Elle transmet les plaintes enregistrées par les habitants qui ont plus de difficulté à contacter le bailleur directement. Matériel dégradé, pannes d’ascenseur, local poubelle peu entretenu… Sylvie avoue que ça peut être décourageant de déposer les mêmes plaintes pendant des mois, voire des années, sans constater de changement.

Le groupe d’habitants continue de se retrouver régulièrement. Le 8 juin, avant de finir la réunion, il fixe une date pour le prochain dîner organisé par l’association à la fin de l’été. Sylvie évoque des événements festifs : une visite de jardin dans le 16ème arrondissement à laquelle tout le monde est convié, un barbecue au Square Léon… La réunion se termine dans une ambiance légère. Ils se retrouveront bientôt autour d’un pique-nique, à la Fête de la Goutte d’Or ou au prochain groupe d’habitants qui aura lieu après l’été.

Laetitia Commanay