14 rue Léon - 1960

Après "Le tour du Monde avec les arbres de la Goutte d’Or" publié l’été dernier, Jacky Libaud de Balades aux jardins, vous propose durant ce mois d’août une "Petite histoire de la Goutte d’Or à travers ses immeubles".
Bel été à toutes et à tous !

14 rue Léon

C’est dans les années trente que sont arrivés les premiers maghrébins à la Goutte d’Or, mais le quartier était déjà connecté avec l’Afrique du nord depuis 100 ans déjà.
En effet, la naissance du quartier s’est faite parallèlement à la conquête de l’Algérie et plusieurs rues ont été baptisées du nom de villes algériennes nouvellement conquises.
Nous avons encore la rue d’Oran, mais la rue de Constantine est devenue la rue Myrha, la rue d’Alger est devenue la rue Affre, et la rue de Mazagran est devenue la rue de Laghouat, (oasis prise en décembre 1852, célébrant l’ avènement de Napoléon III par le massacre de 2 500 habitants).

Au XIXe siècle, les maghrébins sont surtout des colporteurs qui travaillent dans les villes thermales du sud de la France, comme un certain Saïd Ben Mohamed, né en 1827 à Mogador (l’actuelle Essaouira au Maroc) et décédé en 1890 à Montluçon.
Ce Monsieur était l’arrière grand père d’Édith Piaf !

D’ailleurs beaucoup de grands artistes français ont un ancêtre maghrébin, surtout kabyle, tels Mouloudji, Isabelle Adjani, la chanteuse Juliette, Danny Boon, Daniel Prévost, Jacques Villeret ou encore Alain Bashung qui est né rue Marcadet et a vécu ses dernières années Villa Poissonnières !

Après la guerre de 14/18, durant laquelle beaucoup de maghrébins ont été tués, certains sont revenus en France pour travailler, essentiellement des berbères : kabyles d’Algérie et chleuhs du Maroc.
Les premiers algériens du quartier ont été recensés en 1925 : 86 personnes réparties entre plusieurs hôtels meublés des rues de Chartres, Charbonnières et la Goutte d’Or.
Tous ces algériens étaient des hommes jeunes, venant en France pour travailler et économiser l’argent nécessaire à leur mariage au pays.
Une fois reparti, ils étaient remplacés dans leur usine et dans leur Hôtel par un frère ou un cousin.
Après la seconde guerre mondiale, des algériens ont acheté leurs premiers commerces à la Goutte d’Or, puis ils ont été rejoins par des compatriotes pendant la guerre d’Algérie et après l’indépendance du pays, et c’est ainsi que s’est constitué le "quartier arabe" autour de la station Barbès Rochechouard.