C’était comment, la Goutte d’Or, il y a 50 ans ? 20 ans ? 5 ans ? Tous les lundis, Goutte d’Or & Vous ressort une archive des cartons qui témoigne de l’évolution du quartier. pendant cette période de vacances scolaires, profitons-en pour revenir ce lundi sur l’école et un débat qui ressemble plus à un serpent de mer
Classes en sureffectif, sectorisation, non-remplacement des professeurs absents, soutien scolaire, intégration des enfants d’immigrés, ces problématiques étaient déjà sur toutes les lèvres lors de ce débat public.
Le mardi 26 juin 1990, à la Salle Saint Bruno, les associations de la Goutte d’Or, parents d’élèves, responsables politiques et administratifs étaient invités à discuter des difficultés et des besoins en matière d’éducation pour un quartier classé ZEP (Zone d’Éducation Prioritaire).
Elyane Levrard ( FCPE - École élémentaire de la rue Cavé) : « Situés dans une ZEP, nous n’avons pu encore mesurer les moyens supplémentaires mis en œuvre et nous disons aujourd’hui : il en va de la réussite scolaire des enfants de notre quartier. C’est fondamental pour un quartier comme le nôtre, peuplé de populations de toutes origines. »
Michel Neyreneuf (Association Paris Goutte d’Or) : « Tous les chefs d’établissement que nous avions rencontrés ont fait le même constat : tous les établissements du quartier (écoles élémentaires ou collèges) sont à l’étroit. [...] Or, le quartier ne va pas voir sa population diminuer, mais au contraire augmenter. Même durant ces années où un certain nombre d’immeubles ont été murés et démolis, la population scolaire n’a pas globalement baissé. Que l’on mette donc les chiffres de façon claire sur la table et qu’on en discute : il y a déjà la place maintenant pour une nouvelle école. »
Daniel Vaillant (Député de La Chapelle-Goutte d’Or) : « La création de la ZEP, en 1983, ainsi que l’îlot sensible, ont permis une prise de conscience. Des moyens supplémentaires ont été donnés par le Ministère (même si à certaines périodes, cela s’est manifesté avec plus ou moins de densité) et un programme de constructions et de rénovation de locaux scolaires a été entrepris par la Ville. Il y a certes encore beaucoup à faire, mais rappelez-vous comment c’était avant. »
André Moisan (Association de Parents d’Élèves - Richomme et Clémenceau) : « Je voudrais simplement dire que nous avons des équipes éducatives extrêmement efficaces dans un quartier qui demande beaucoup de disponibilités de leur part. C’est remarquable, d’autant plus que l’école est l’un des lieux où le quartier se constitue et où l’intégration culturelle se fait le plus. C’est là, en particulier, que les parents de différentes cultures peuvent se rencontrer. »
Ahmed Ghayet (Citoyenneté 18ème) : « L’école est le seul moyen de réussite sociale, notamment des jeunes issus de l’immigration, des jeunes Maghrébins et des jeunes Africains. C’est le seul. [...] Dans notre quartier, à l’heure actuelle, des enfants d’origine étrangère (maghrébine, turque, yougoslave,...) ne font pratiquement pas d’années de maternelle. Ils arrivent donc directement au CP, sans maîtrise de la langue française et sans approche de ce qu’est la société dans laquelle ils vont vivre. »
Hédi Chenchabi (AIDDA) : « Il nous faut parler aussi de l’interculturalité. Des expériences ont été tentées, mais à petite échelle, sur le quartier. Comment ouvrir les écoles de la Goutte d’Or à cette problématique et comment faire que les associations qui portent cette démarche interculturelle puissent agir en lien avec les écoles ? »