Je l’avoue, je ne donnais pas cher de cette affaire. Quelle idée d’installer un jardin sur les ruines et les gravats de l’ancienne mosquée El-Fath, à l’angle de la rue des Poissonniers et de la rue Polonceau. Un vaste terrain certes mais où la terre est ingrate, et où le soleil cogne dur. Pas d’arbres si ce n’est des arbres aux papillons (buddleias) et des séneçons, en fond de cour. Et comme le lieu est resté en déshérence pendant des mois, une belle variété d’adventices : plantain et armoise en pagaille, et, dédié aux terres délaissées, canettes, mégots et poubelles faisaient de ce terrain vague, une décharge.
Dans ces conditions, un jardin, vraiment ? C’était, sans compter sur la débrouillardise, l’astuce, le système D et autant dire le talent de quelques doigts verts, bien décidés à créer non seulement un jardin mais, mieux encore, un lieu de vie.
Le terrain a été octroyé par la ville de Paris à l’association « La table ouverte » déménagée de son ancien jardin à l’angle des rues Myrha et Léon pour la création de studios de musique, histoire, soit dit en passant, de densifier un peu plus la Goutte d’Or. Le quartier, on ne le répètera jamais assez, manque cruellement de vert. Depuis des années, on bâtit à tour de bras et les jardins partagés, les uns après les autres, sont priés de dégager.
La mairie a fait aplanir la friche et un bail annuel a été accordé. Pour Rachid Arar, le responsable de « La table ouverte » : « le loyer est modique, autour de 100 à 200 euros ». Mais bon, pour le reste, les jardiniers n’ont qu’à se débrouiller : « Pas d’accès à l’eau, pas d’électricité, pas de toilettes. » déplore Rachid. Pas question, en clair, de faire pousser quoi que ce soit, pas question non plus d’y attirer grand monde.
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