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Le film « Goutte d’Or » vu par les habitant.e.s du quartier

Publié le 24 mars 2023

« Goutte d’Or » raconte l’histoire d’un charlatan dont le quotidien va être troublé par ses concurrent.e.s et un groupe de Mineurs Non Accompagnés (MNA). Le film aborde des sujets sensibles, générant souvent des amalgames dans les productions artistiques et médias traditionnels. Samedi 18 mars 2023, la Salle Saint Bruno a invité les habitant.e.s et membres d’associations du quartier à une projection débat, organisée en partenariat avec le Louxor. En présence de Karim Leklou et Yilin Yang, acteur.ice.s du film, ainsi que de plusieurs élu.e.s, plus de 300 spectateur.ice.s ont pu débattre des réalités du quartier et de sa représentation dans le film.

Les représentations du quartier

Sorti en 2022, le film « Goutte d’Or », réalisé par Clément Cogitore, raconte l’histoire de Ramsès (Karim Leklou), un medium du quartier. Le charlatan et ses deux collègues utilisent les réseaux sociaux pour glisser à l’oreille de personnes fraîchement endeuillées ce qu’elles veulent entendre. Son quotidien va être troublé par ses concurrent.e.s, les marabouts et voyant.e.s du quartier, mais aussi par un groupe d’enfants migrants et isolés dans la rue, des MNA (Mineurs Non Accompagnés).

Un film de grande distribution sur des marabouts, des violences de rue, des Mineurs Non Accompagnés et migrants, ayant comme titre « Goutte d’Or » … la Salle Saint Bruno a pensé qu’il était nécessaire de contextualiser cette œuvre afin d’éviter des amalgames sur le quartier. L’association a donc offert 120 places à ses publics pour une séance spéciale organisée en partenariat avec Le Louxor. Les comédien.ne.s Karim Leklou et Yilin Yang étaient présents pour présenter le film et échanger avec les spectateur.ice.s. Les élu.e.s Violaine Trajan, Maya Akkari, Kévin Havet, Ariel Lellouche, Nadia Benakli, et Danièle Premel ont aussi répondu présent.e.s. La salle Youssef Chahine du cinéma Louxor était pleine pour l’évènement.

Yilin Yang, Karim Leklou, Cécile Sajas, Manon Tronet, Pauline Goudot Feuillette & Bernard Massera

Qui sont les Mineurs Non Accompagnés de la Goutte d’Or ?

Si « Goutte d’Or » est surtout une œuvre fictionnelle et artistique, la partie sur le groupe de MNA est la plus « documentaire » du film, selon le réalisateur. En 2016-2017, un groupe de Mineurs Non Accompagnés marocains a provoqué un effet de loupe dans les médias en investissant le Square Baschung et ses abords. Les débats ont alors tourné autour de la violence, de l’insécurité à la Goutte d’Or, diabolisant les migrant.e.s et le quartier. Mathilde Archambault, responsable des pôles éducatifs dans l’association Hors la Rue, travaille avec le CAARUD EGO afin d’accompagner des MNA au quotidien. Elle a participé , avec Dorothée Pierard, directrice du CAARUD au débat à la fin de la projection.

Mathilde a rappelé les conditions de vie des MNA à Paris : « à la fois dans la toute puissance et dans la vulnérabilité », ces enfants, parfois très jeunes, viennent principalement du Maghreb. Iels ont effectué des parcours difficiles, souvent dans une précarité physique et psychique, pour rejoindre la France dans l’espoir de gagner de l’argent et d’y mener une vie meilleure. Victimes de traite humaine, ces jeunes sont poussés à des délits. Sans domicile ni référent.e parental.e sur le territoire français, iels survivent dans la violence.

« Cette violence n’est jamais gratuite »

Toutefois, Mathilde explique que cette violence n’est jamais gratuite : ces enfants ne font pas de l’argent dans le seul but de faire de l’argent. « C’est […] pour envoyer au pays », pour leur famille, qui vit souvent dans une grande précarité.

Une habitante dans la salle prend le micro pour demander s’il y a toujours des MNA dans le square du quartier, et quelles sont leurs conditions d’arrivée dans le pays. Dorothée Pierard, répond qu’« ils vivent plutôt dans des squats identifiés. Souvent dans des villes de la petite couronne ». Mais Barbès, la Goutte d’Or, 4 Chemins et Aubervilliers sont des secteurs cibles pour ces enfants. Iels savent qu’iels y trouveront des propositions d’emplois informels.

« La plupart des mineurs étaient déjà dans la rue dans leur pays d’origine. Ils vivaient déjà de petits travaux informels toute la journée[…]. Donc la manière dont ils vivent en France est une continuité de leur vie dans leur pays d’origine, avec les consommations en plus et l’exploitation par des personnes pas très bienveillantes » explique Mathilde.

Renvoyer une image positive au pays

Quant à leurs conditions d’arrivée sur le territoire français, « c’est la précarité », explique Dorothée. Ces enfants cherchent des meilleures conditions de vies que dans leur pays d’origine. « On voit dans le film que les enfants ont envie de renvoyer une image positive de leur expérience à leur famille ». Un aspect bien représenté dans le film, notamment lorsqu’un des enfants appelle sa mère et lui montre fièrement l’argent qu’il a gagné, à travers les marques de ses vêtements. Pour les accompagnatrices de ces jeunes isolés, il est aussi important qu’iels puissent avoir « une image positive d’eux-mêmes ». Quelque chose que l’on ressent bien dans leur relation avec le « mage », lorsqu’iels réussissent à gagner l’estime de cette personne.

« L’accompagnement de ces enfants vers la sortie de la violence est un projet qui peut prendre des années pour que ça change. C’est très compliqué », explique Dorothée Pierard. En effet, le CAARUD EGO et Hors la Rue proposent des dispositifs d’aide et d’accompagnement, organisent des maraudes pour aller vers ces enfants et leur proposer hébergement et loisirs. Mais ce n’est pas suffisant pour les sortir de leur situation sur le court terme.

Cécile Sajas, Yilin Yang, Mathilde Archambault et Dorothée Pierard

Des choix minutieux pour les acteurs et actrices

Yilin Yang a également participé au débat avec les spectateur.ice.s. La comédienne qui joue Grace, l’associée du medium, connait bien le quartier de la Goutte d’Or. Yilin explique le processus artistique du directeur qui est très minutieux, dans le décor, mais aussi dans son casting. Elle rappelle l’importance de la représentation d’acteurs et actrices racisé.e.s dans le cinéma français. Elle-même étant une comédienne de minorité ethnique, elle explique que les acteurs et actrices de couleurs sont particulièrement bien représenté.e.s dans cette production.

Une habitante prend le micro dans la salle et se réjouit de voir la comédienne, chorégraphe et danseuse afro-américaine Elsa Wolliaston tenir un rôle dans le film. Sa présence et son travail lui rappellent le côté magique de la Goutte d’Or.

« C’est beau de l’avoir choisie. On sent l’attention qu’il y a sur chacun des personnages. On sent qu’il y a du vécu derrière tous les seconds rôles. C’est important de parler d’un autre aspect du quartier, et pas simplement de l’aspect social. La Goutte d’Or c’est aussi un endroit magique […] Ça fait du bien de parler un petit peu d’autre chose ici. »

Emmanuel Papillon, directeur du Louxor

Un article de Cindy Viallon



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