Né en 1995 à Barbès, l’Orchestre National de Barbès (ONB) fêtera bientôt ses 30 ans de carrière. Aujourd’hui, ONB, c’est des tournées à l’international, du Caire à Santiago du Chili, en passant par la Fête de la Goutte d’Or, bien sûr. On a retrouvé un reportage sur le groupe à ses débuts en 1998.
Sur ce court documentaire du 20h de France 2, on voit les musiciens à l’origine de l’Orchestre Nationale de Barbès (Youcef, Fateh, Kamel…) déambuler dans les rues de la Goutte d’Or. A cette époque, en 1998, la bande d’amis venait à peine de confirmer son identité musicale ; de la musique tout droit venue du Maghreb, entre la tradition et la modernité. Iels fusionnent plusieurs styles : gnawa, chaâbi, raï, salsa, ska, reggae, jazz, funk et rock. Youcef, accompagné d’Aziz, Fateh Kamel et d’autres avaient donné leur premier concert en 1996 au New Morning à Paris.
« Tout le monde se connait plus ou moins. C’est le premier endroit où débarquent les immigrés en quête d’un peu de chaleur » explique la journaliste sur le quartier. Des enfants de Barbès ayant « ce petit bout d’Afrique au pied du Sacré Cœur à Paris » pour point d’ancrage. « T’as pas besoin de prendre un billet d’avion pour voir comment est le monde. Viens à Barbès, t’auras un aperçu concret de ce que c’est le monde ! » explique Kamel dans l’interview.
« L’Orchestre National de Barbès, avec ce nom qui sonne comme un oxymore, renvoie en fait à une réalité évidente » explique à Jeune Afrique Naïma Huber Yahi, historienne spécialisée dans l’histoire culturelle de l’immigration. « Barbès est un territoire en soi, la capitale de l’exil pour cette intelligentsia qui fuit la violence et la guerre civile. C’est un petit pays dans le grand pays. Par son existence même, l’ONB affirme que les Maghrébins ont la légitimité pour revendiquer leur terroir, leur patrimoine musical, et qu’ils peuvent s’ajouter sur la photo présentant les artistes français. »