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“De Campton à la Goutte d’Or, il n’y a qu’un pas”

Publié le 12 février 2025

Écrit par Justin De Oliveira

Dans son podcast, “Remember the time” enregistré au FGO Barbara ce mercredi 29 janvier, Elena Oliveri, journaliste et animatrice radio, plonge le public dans l’univers du rappeur Américain Kendrick Lamar et de son album Mr Morale and the big steppers. C’est accompagné de son ami et homologue Daryll Ngoufi que notre hôte pour la soirée propose de découvrir une nouvelle fois le projet le plus introspectif de la carrière de l’artiste. Une fresque musicale unique, dans laquelle il expose, seul face au miroir, tous les traumatismes et les contradictions qui l’habite.

En transmettant toute sa vulnérabilité à travers sa musique, Kendrick a su s’affranchir du tabou qui pèse sur la santé mentale. Au fil des morceaux, dont les paroles lourdes de sens résonnent dans les enceintes de la salle silencieuse, s’installe une étrange communion entre l’artiste, les journalistes sur scènes et les spectateur·ices. Ainsi, en écoutant « Die Hard », on prend conscience des difficultés à donner sa confiance en amour. A travers « count me out », le sentiment de vulnérabilité et la musique apparaissent comme des remèdes pour l’acceptation de soi. Dans « Mother I sober », les traumatismes liés à l’enfance et des secrets de familles nourrissent des angoisses toujours présentes. Vous l’avez compris, à travers cet album, Kendrick Lamar libère une génération entière de la honte et du silence. Un lien spécial s’est créé entre le public et l’artiste. C’est dans la bienveillance et la compréhension, qu’Elena et Daryll prennent le temps d’échanger avec l’assistance après l’émission. Comme si la voix du rappeur s’était transmise à ceux·celles qui l’écoutent, chacun·e parle librement de ce que l’artiste leur a permis de prendre conscience sur eux·elles-même et sur ce qui les entourent. Des problèmes liés à l’addiction, en passant par l’enjeu de la violence dans les quartiers populaires, au phénomène du tabou de l’acceptation de la vulnérabilité en tant qu’ être humain, chaque prise de parole témoigne de l’amour de la musique et invite à prendre soin de soi et des générations futures. La musique peut agir comme une thérapie. La salle du FGO Barbara, pleine de sons, de lumières et d’échanges passionnés, s’est transformé l’espace d’un instant un espace réconfortant, générateur de liens sociaux.

L’événement s’est clôturé en beauté. De magnifiques vinyles étaient à gagner et le public était convié à un banquet à l’arrière de la salle. C’était le cadre parfait pour discuter, partager ses impressions et questions éventuelles. Tous les honneurs vont à Elena, Daryll et toute l’équipe du FGO. Dans un monde où l’accès à la culture n’est pas toujours abordable pour tous·tes, promouvoir des événements gratuits qui permettent aux passionné·es et aux curieux·ses de venir à la rencontre de ceux·celles qui partagent le goût de la musique actuelle est une véritable opportunité de rassembler des représentent d’horizons sociaux-culturels divers.

Quelques jours après l’événement, nous nous sommes installés dans l’un des studios d’enregistrement du FGO. Elena, animatrice radio et productrice du podcast, accepta très gentiment de répondre à quelques questions en lien avec son activité et la vie associative et culturelle du quartier. Une rencontre enrichissante dans laquelle la journaliste fait part de son envie de partager sa passion au plus grand nombre, à la fois pour apprendre au contact de passionné·es et faire vivre la culture musicale.

Pourquoi avoir choisi d’appeler ce podcast « Remember the time » ?

E : J’ai réalisé que certains des projets et morceaux que j’affectionne sont un peu passés sous les radars. Certains titres, qui ne sont pas clipés ou qui n’ont pas le même succès médiatique que d’autres morceaux, font peu parler. Créer ce podcast était donc un moyen d’amener un nouveau regard. Également, comme ce sont des projets qui ont quelques années, les auditeurs ont eu le temps de les digérer, ce qui permet d’avoir plus d’impressions à partager.

C’est le deuxième enregistrement que tu réalises en live, dans la salle du FGO Barbara. Pourquoi ce choix de réaliser ce podcast en public ?

E : C’est une salle qui a accueilli d’autres évènements de ce genre. Le média Rap l’ABCDR du son avait notamment enregistré une émission dans ce lieu. C’est aussi un endroit qui accueille un public spécifique. Ce sont plutôt des gens qui sont sensibles à la culture musicale qui fréquentent ce type d’espace.

Le FGO Barbara donne une place importante à la vie associative et à l’accès à la culture pour les gens du quartier et d’ailleurs. Selon toi, quelle est la place des acteurs du monde de la musique au sein de ce mouvement de partage avec le plus grand nombre ?

E : Les journalistes et les médias sont plus accessibles qu’il n’y paraît. C’est important pour nous d’organiser des évènements gratuits, qui favorisent le contact avec un public large. Ceux qui y participent sont la plupart du temps des passionnés, c’est appréciable d’avoir leurs retours. Quand je travaille à la radio, je ne vois que des chiffres d’audience, c’est impossible d’imaginer ce que ça représente. Avoir un public devant moi, qui reconnaît mon travail et me félicite pour ce que je fais donne plus de sens à mon métier.

As-tu une anecdote, une rencontre en lien avec le quartier qui a pu t’aider dans ton parcours ?

E : J’ai enregistré mon premier podcast au restaurant MAMA KOSSA (8 Rue Myrha, 75018 Paris), pour le média HHLS MUSIC. C’est un lieu très favorable aux rencontres entre journalistes et artistes.

Pour revenir à ton podcast : les enjeux de la santé mentale, les addictions, les non-dits au sein des familles sont des thèmes majeurs de l’album de Kendrick Lamar. Le bien être des habitants du quartier est une question importante pour le monde associatif. On peut citer l’association EGO ( Espoir Goutte d’Or), qui réserve un accueil inconditionnel des usagers de drogues. Est-ce qu’il est possible de faire un lien entre les préoccupations du rappeur et celles de ceux qui l’écoutent, même si des milliers de kilomètres peuvent les séparer.

Kendrick traverse des difficultés qui sont universelles. Ce qui intéressant dans sa musique c’est qu’elle nous permet de nous interroger sur notre propre situation. Encore aujourd’hui, parler de ses addictions ou de problèmes psychologiques est difficile. Le message de l’album a donc une portée bien plus grande que le monde des auditeur·ices de rap. On le comprend bien lorsque l’on écoute le titre final du projet. L’objectif de l’artiste était de briser certains tabous qui empêchent des générations entières et des sociétés de guérir.

Parlons de ton métier. Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui rêve de devenir animateur ou journaliste dans le monde musical.

La première chose qu’il faut comprendre, c’est qu’il faut être très passionné pour faire ce métier. On ne devient pas journaliste pour rencontrer des stars. C’est en respectant cette culture et en mettant les artistes en avant plutôt que nous même qu’il est plus facile de réussir. Aller à un maximum d’événements gratuits, comme les concerts organisés par Arte, se rendre à des expositions, regarder des documentaires, des émissions qui parlent de cette culture est aussi un bon conseil que je pourrais donner. C’est en se familiarisant le plus possible avec cette culture qu’on devient l’un de ses acteur·ices.

Qu’est-ce que tu envisages dans le futur ? As-tu d’autres évènements de prévus ?

En enregistrant ce podcast j’ai compris qu’il y avait une véritable demande de la part du public. J’envisage donc de revenir régulièrement à l’avenir ! Peut-être une ou deux fois par mois, je ne sais pas encore pour le moment.

Que penses-tu du développement du format podcast ? Quels en sont les avantages principaux ?

Les radios connaissent une perte d’audience. Le podcast donne un nouveau souffle à la diffusion de l’information et de la culture. C’est aussi un format idéal pour s’exprimer librement. Le podcast crée un lien de proximité entre créateur·ices et auditeur·ices. On a parfois l’impression d’entendre une discussion qu’on aurait pu avoir avec des ami·es, c’est tout de suite plus immersif et captivant.




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