Un média de quartier de la Goutte d’Or
Chaque mois, Goutte d’Or & Vous sélectionne un article du journal de quartier le 18e du mois et le partage avec vous. Dans le numéro d’avril 2017, Danielle Fournier revient sur la séance de travail collaboratif sur la future promenade Barbès Stalingrad, qui a eu lieu le 3 mars dernier. L’occasion de faire le point sur le projet Civic line, coordonné par l’Atelier d’architecture autogérée (AAA).
Après une série d’ateliers urbains, une équipe, coordonnée par l’Atelier d’architecture autogérée (AAA), travaille à l’élaboration du projet Civic line qui doit donner forme et contenu à la « promenade urbaine » entre Barbès et Stalingrad.
Quatre grandes tables avec des papiers, des schémas… et de quoi se restaurer accueillent ce 3 mars les habitants, les associations, les élus dans la salle du centre d’animation La Chapelle. La « séance de travail collaboratif » réunit architectes, opérateurs et partenaires du projet de promenade urbaine, rebaptisé Civic line. Elle est animée par Constantin Petcou, de l’association AAA : celle-ci organise la soirée et coordonne l’équipe pluridisciplinaire qui a remporté l’appel d’offres. Sont associées des compétences très diverses, voire inattendues : architecte, paysagiste, sociologue, développeur de projet, urbaniste, chercheur, maraîcher, cuisinier, étudiant, etc.
Au menu, quatre thèmes de réflexion pour échanger, dialoguer, se projeter dans ce futur parcours de 1,4 km entre Stalingrad et Barbès, reproduit sobrement le long des murs.
Impliquer les habitants
Pour l’instant, l’endroit est ingrat et ne fait pas rêver les riverains venus s’informer. « On n’est pas enthousiaste, on demande à voir » déclarent deux adhérentes d’Action Barbès, tout droit arrivées du 10e. Au départ, c’est la déception : on ne va pas leur dérouler un projet tout fait, mais leur demander de participer à son élaboration, en connaissant les contraintes et les potentialités du lieu. Peu à peu, les hésitations sont dépassées, tout le monde se prend au jeu et se met au travail autour des six objectifs du projet. Mais bien sûr il faut commencer par revoir son vocabulaire et sa façon de penser.
Co-construire est le maître mot qui permettra de donner vie à la proposition d’une série d’aménagements publics et paysagers constitués de pôles et de modules mobiles. Ici « l’implication des habitants et des acteurs locaux devrait permettre l’émergence d’une dynamique de réappropriation de l’espace public par des usages et des activités citoyennes » : agriculture urbaine, bibliothèque mobile, cuisine du monde, atelier vélo… seront développés dans une optique de partage des usages, ouverte à tous. Les installations prendront place sous le viaduc et, plus largement, sur les places du parcours.
Des projets évolutifs
AAA est loin d’être inconnu dans le quartier. Dès 2001 ses animateurs, qui sont aussi des habitants, réfléchissent sur leur environnement et créent l’Atelier d’architecture autogérée, « une plateforme collective d’exploration, action et recherche autour des mutations urbaines et des pratiques culturelles, sociales et politiques émergentes de la ville contemporaine ». C’est ainsi qu’est né le projet Ecobox.
À chaque fois il est fait appel à la participation des habitants, à la prise en compte des difficultés et de l’image dégradée des espaces mais en renversant la vapeur : transformer le négatif en positif en contournant les stéréotypes par des projets nomades et réversibles, évolutifs. L’architecture autogérée est une architecture de relations, de processus qui, on l’aura compris, « est basée sur une nouvelle forme de démocratie : collaboration, échanges, et des réciprocités avec tous ceux qui sont intéressés (individus, organisations, institutions) ».
Des transformations très importantes vont remodeler le quartier et changer son image. Pendant les travaux de la RATP sur le viaduc entre Barbès et La Chapelle, le marché va être déplacé vers l’ouest. A cette occasion, un deuxième Civic Lab sera installé à l’aplomb du Centre FGO Barbara. Vers le milieu de l’année 2018, place aux travaux de voirie qui vont ensuite se déplacer vers Stalingrad. Et pendant ce temps, la DVD (Direction de la voirie et des déplacements) « imagine et teste des scénarios d’aménagement qui vont impacter fortement la circulation dans le nord, jusqu’à la porte de La Chapelle ». À terme, l’accès à hôpital Lariboisière se fera par le boulevard de La Chapelle ainsi que les départs de la gare du Nord, comme si Paris se tournait vers l’extérieur et non plus seulement vers le centre.
Danielle Fournier
Atelier d’architecture autogérée, 4 rue du Canada. Dates des prochaines réunions sur www.urbantactics.org
Le 18e du mois est en vente au prix de 2,50€. Les points de vente à la Goutte d’Or :
Kiosque métro Château-Rouge
Kiosque métro Barbès-Rochechouart
Cave à vins Don Doudine 16, rue Myrha
L’Atelier floral 74, rue Doudeauville
Coco Bohême 22, rue de Jessaint
Brasserie de la Goutte d’Or 28-30 rue de la Goutte d’Or
Point presse rue de Dunkerque (10e)
par InfosGouttedOr 
