La journaliste Edith Canestrier est allée à la rencontre des couturiers africains du quartier dans leur atelier partagé du 40 rue Cavé.
« L’atelier partagé » du 40 rue Cavé, quartier de la Goutte d’Or, à Paris © Michel Setboun
J’aurais aimé rester là, sans bouger, regarder, admirer la concentration, la beauté des gestes et même la beauté tout court. « L’atelier partagé » au cœur du quartier de la Goutte d’Or est un lieu qui invite au silence. Pas toujours facile de s’y exercer au jeu des questions réponses. Il y a le travail bien sûr, peut-être aussi la pudeur, la discrétion, un peu de méfiance. Alors on note comme on peut, on laisse passer les silences, les omissions, on oublie même de poser des questions qu’on croyait essentielles. Qu’importe…
Le lieu a été créé il y a trois ans. Une manière d’utopie pour permettre aux quatre couturiers africains qui y travaillent de valoriser leur indéniable savoir faire, sortir de l’informel, espérer ainsi élargir une clientèle essentiellement africaine vers les européens. Se professionnaliser aussi avec notamment un statut d’auto-entrepreneur.
L’atelier est une émanation de l’association des professionnels de la mode et du design de la Goutte d’Or. Créée en 2012, on y retrouve des anciens de la rue des Gardes nommée un temps « la rue de la mode », l’atelier de botterie Maurice Arnoult par exemple et jusqu’au petit nouveau, « Maison Château rouge » rue Myrha, « une marque » célébrée entre autres par Monoprix.
Deux ans plus tard, en 2014, nait « La fabrique » qui regroupe une trentaine de couturiers. C’est une coopérative particulièrement réactive aux demandes des institutions, à la fabrication de petites séries, voire des pièces uniques. L’opéra Bastille a fait appel à elle mais aussi la ville de Paris en 2020 pour la fabrication de masques pendant « la crise » du covid.
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