Juste à côté de la Poste. Ce jeudi 3 avril, la place de l’Assommoir est étrangement animée. Un air de guitare, des badauds qui discutent, et de gentils troubadours affairés à une drôle de tâche : écrire des lettres pour les habitants de la Goutte d’Or.
A première vue, ou pourrait croire à une performance. Ces étranges individus font après tout partie d’une compagnie de théâtre : Gaby sourire. Mais non. Pas tant que ça. Derrière la mise en scène extravagante, les accessoires désuets, il y a une démarche réelle de service aux habitants du quartier. Pour illustrer la démarche, l’un des écrivains publics effeuille des lettres administratives : « j’ai reçu un avis de trop-perçu des Assedic. Voilà ma réponse dans laquelle je sollicite un échelonnement du remboursement, et voilà la réponse des Assedic qui acceptent ma proposition. Vous voyez, problème, réponse, solution ! »
Les démarches administratives, ces intermittents du spectacle connaissent bien. L’un d’entre eux a poussé la blague jusqu’à chanter ses lettres de relance. Ou les vôtres !
Juste derrière, des rêves s’évaporent sur une toile. « On ne se souvient jamais très bien de nos rêves quand on se réveille », explique le peintre. Le temps de quelques heures, les envies de paix ou de voyage des habitants se succèdent sur le chevalet.
En retrait entre les grosses jardinières de la place de l’Assommoir, on peut s’asseoir devant des petits bureaux de fortune et réfléchir à des lettres d’amour... mais pas toujours. L’une des écrivains d’amour se lève et se dirige vers sa collègue : « tu aurais du papier blanc ? J’en ai que du rose, mais je dois écrire pour une prison... »
Les écrivains publics reviendront bientôt dans le quartier. Nous vous tiendrons au courant !