C’était comment, la Goutte d’Or, il y a 50 ans ? 20 ans ? 5 ans ? Tous les lundis, Goutte d’Or & Vous ressort une archive des cartons qui témoigne de l’évolution du quartier. Vieux reportages de JT, films sur le quartier, vidéos amateures...
En écho à la Campagne de lutte contre le harcèlement de rue et à la journée de formation sur les Droits des migrants, nous nous sommes posés cette question : qu’est-ce qu’être une femme, étrangère, sans papiers en France dans les années 2000 ? L’archive que nous ressortons cette semaine nous donne quelques éléments de réponse. L’association Accueil Laghouat œuvre, depuis ses débuts, pour l’intégration sociale. Ainsi, elle propose, entre autres, des formations linguistiques dans le cadre desquelles, le 8 mars 2000, des femmes en alphabétisation ont écrit de courts textes qui témoignent de la réalité à laquelle elles sont confrontées quotidiennement.
Comme on peut le lire, l’irrégularité administrative de ces femmes a une incidence non seulement dans leur rapport à l’espace public, mais aussi dans l’espace privé. Elle constitue des obstacles, plus ou moins infranchissables, dans le processus d’intégration de ces femmes migrantes : trouver du travail, être libre de circuler, de se loger, de se soigner et de manifester, s’émanciper de la tutelle financière, sociale et psychologique des hommes (généralement du mari), se défendre contre les violences et les injustices dont on est victime.
Finalement, on s’aperçoit que ces obstacles qui se dressent devant les femmes sans papiers, sont aussi ceux qui peuvent se dresser devant des femmes qui ne savent ni écrire, ni parler la langue officielle du pays dans lequel la migration les a amenées. Par exemple, un individu trouvera du travail plus facilement si sa situation administrative est régularisée. Mais pas uniquement. Le fait de connaître la langue du pays d’accueil, ouvre non seulement les perspectives d’emploi, mais permet aussi aux individus de prendre connaissance de leurs droits et, ainsi, de mieux les défendre.
Que ce soit pour faire valoir ses droits, porter plainte ou témoigner, comme ici, apprendre le français permet, plus largement, aux migrants de faire entendre leur voix, de dire leur existence en tant qu’individu, malgré les difficultés de régularisation qu’ils rencontrent parfois avec l’administration française.
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