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Les habitant.e.s de la Goutte d’Or interpellent la préfecture

Publié le 10 février 2023

Au lendemain de la manifestation contre la réforme des retraites, le projet de loi Asile et Immigration était présenté au Conseil des Ministres, le mercredi 1er février. Entre l’attente interminable des rendez-vous pour avoir un droit de séjour, les OQTF multipliées et la dématérialisation des démarches, les associations dénoncent une « fabrique de sans-papiers » de la part de l’administration française. Goutte d’Or & Vous a suivi les habitant.e.s du quartier parti.e.s manifester devant la préfecture de Police.

« C’est normal ou c’est la honte ? » peut-on lire sur l’une des pancartes. Alors que le projet de loi Asile et Immigration était présenté en Conseil des Ministres ce mercredi 1er février, diverses associations ont répondu à l’appel à manifester de « Bouge ta préfecture ». Ce collectif composé d’associations et syndicats comme La Cimade, RESF, la CGT, Solidaires, le Secours Catholique ou encore la Ligue des droits de l’Homme, souhaite dénoncer « la situation de plus en plus dramatique de l’accès au séjour dans notre pays ». Ils mettent en lumière les délais interminables de traitement des dossiers, la multiplication des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) ou encore le basculement de l’administration au tout numérique.

Quelques manifestant.e.s de la Goutte d’Or ©AGO

Des calvaires administratifs pour les sans-papiers

Côté Goutte d’Or, quartier historique d’accueil et d’immigration, une vingtaine de manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s dans les locaux d’AGO (Accueil Goutte d’Or) au 26 rue Laghouat. Des bénévoles, étudiant.e.s étranger.e.s en formation de français chez AGO, mais aussi des représentant.e.s d’EGO (Espoir Goutte d’Or) et des habitant.e.s du quartier étaient là. Pancartes en mains, le groupe a pris le métro à Château Rouge direction Saint-Michel pour rejoindre le cortège devant la préfecture de Police.

©Solenn Marcoux

La plupart sont ou ont été concerné.e.s par les calvaires administratifs en vue d’obtenir un éventuel droit de séjour en France. C’est le cas de Mohammed, qui travaille depuis 10 ans dans le bâtiment : «  encore aujourd’hui c’est compliqué pour moi d’obtenir mes papiers » nous dit-il. Il a aussi pris des cours de français à AGO « ça a été difficile d’apprendre le français, ça m’a pris beaucoup de temps, l’anglais c’est beaucoup plus simple ». Parmi les 25 articles du projet de loi, il est prévu de conditionner l’obtention d’une carte de séjour pluriannuelle à des compétences minimales de la langue (à fixer par décret). Aujourd’hui, seule une participation à une formation linguistique est requise.

Véra, jeune femme moldave, est venue en solidarité avec ses camarades de cours de langue. « On est venus avec les amis de la formation, on ne voulait pas rester à la maison. » explique Hacrn, 20 ans. Il est arrivé en France début octobre. Il est également en formation de français depuis 3 mois, « plus que 2 mois de formation » dit-il. Hacrn espère par la suite trouver «  du travail dans la peinture », ce qu’il faisait en Mauritanie.

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« 5 ans d’attente, et y’a rien. On ne sait pas pourquoi. »

Sur la place de la Fontaine Saint-Michel, les manifestant.e.s appellent en direct le 34 30 dans les mégaphones, le numéro de la préfecture de Police « Vous souhaitez un rendez-vous en vue de l’acquisition de la nationalité française ou d’un titre de séjour ? Tapez 3 ». Les manifestant.e.s sont bercé.e.s, amusé.e.s par la musique et les voix robotiques d’attente. Mais l’attente est l’un des problèmes principaux dénoncés par les personnes concernées. Durant des mois et des années pour beaucoup, iels restent dans le doute, pour obtenir des réponses, des rendez-vous, qui n’aboutiront pas toujours à un droit de séjour. Pendant ces temps morts, les sans-papiers doivent bien souvent lutter pour travailler ou se loger dignement. Fatima, qui est venue depuis AGO avec Zerouala, sa mère âgée de 84 ans, nous explique que le froid de février ne les a pas empêchées de se déplacer : « Il faut manifester. Parce que même pour la retraite on ne trouve rien, et la vie [ça] devient trop cher.  » Elle nous explique que sa mère est venue du Maroc et ne parle pas français :
« Elle [Zerouala] est bloquée ici depuis cinq ans, et on ne sait pas pourquoi. Alors qu’elle voudrait partir au pays et revenir. Elle est malade ! »

Fatima (à gauche) et Zerouala (à droite) ©Solenn Marcoux

Devant la fontaine qui fait office d’estrade, les prises de paroles de représentant.e.s des associations de défense des droits des migrant.e.s s’enchaînent. Fatima a également tenu à partager à nouveau son expérience au micro : «  C’est notre mère et on a pas le droit à des papiers. 5 ans d’attente, et y’a rien. On ne sait pas pourquoi. » martèle-t-elle devant la centaine de manifestant.e.s.

« Des gens qui n’osent même plus sortir de chez eux ! »

Quelques élu.e.s sont aussi présent.e.s, comme Danielle Obono ou encore Pierre-Yvain ARNAUD. Ce dernier explique au micro :

« Une des missions des policiers dans le 18e c’est de vérifier les papiers, d’arrêter, de mettre des OQTF aux personnes et donc j’ai des gens dans mon quartier, -moi j’habite directement à la Goutte d’Or- qui n’osent même plus sortir de chez eux ! Ils ont peur. Les associations qui s’en occupent ne les voient plus, ne peuvent plus leur donner de l’aide alimentaire, de l’aide sanitaire aussi donc la situation sanitaire et alimentaire se dégrade pour les habitants de mon arrondissement. C’est ça les conséquences concrètes du manque d’action de droit. »

Danielle Obono ©Solenn Marcoux

En effet, le projet de loi prévoit également de réduire les protections contre les décisions d’OQTF « en cas de menace grave pour l’ordre public, même lorsque les étrangers concernés ont des attaches en France ». Lors de la discussion du projet de loi devant le Conseil des Ministres ce même jour, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a énoncé sa volonté de voir plus d’immigrés économiques, mais moins de regroupements familiaux, en résumant : «  Nous voulons une immigration choisie  ». Ce projet de loi devrait être examiné au Sénat en mars puis à l’Assemblée nationale avant l’été.

Photos : Solenn Marcoux
Photo de couverture : AGO
Vidéo et montage : Eren Vurgun
Propos recueillis par Cindy Viallon



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