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"L’alimentation arrive à faire parler du lieu où on vit"

Publié le 29 octobre 2015

Le web-documentaire Alimentation Générale, la Goutte d’Or côté cuisine permet de se promener sur une carte interactive et de découvrir les trésors de la gastronomie locale au gré des rencontre avec ses habitants. Célia et Barbara, le duo caché derrière ce projet, nous racontent cette expérience aussi riche gustativement qu’humainement.

La Goutte d’Or se raconte aussi avec des épices, des plantes exotiques, des pâtisseries, du pain croustillant et même des moments partagés autour d’une table. Célia Pernot et Barbara Vignaux, qui ont vécu dans le quartier, soulèvent la cloche qui maintient au chaud les spécialités gastronomiques du coin, pour les partager avec nous. Dans un web-documentaire interactif, sonore et photographique commencé en septembre 2014, la journaliste et la photographe ont rencontré plusieurs personnages de la Goutte d’Or qui leurs racontent ce qu’il se passe en cuisine. Ce projet auto-produit, avec l’aide du Fonds de Soutien aux Initiatives d’Habitants (FSIH) de la Salle Saint Bruno, est en fait un portrait de la Goutte d’Or, réalisé par le prisme d’un thème fédérateur : l’alimentation.

Découvrez le web-documentaire Alimentation Générale, la Goutte d’Or côté cuisine en cliquant ici.

GO&V : D’où est venu l’idée d’offrir un panorama des richesses gastronomiques de la Goutte d’Or ?
Barbara : La réponse est simple : Célia et moi, on aime la Goutte d’Or et on aime la bouffe. Donc quand on mélange les deux, on trouve l’Alimentation Générale.

D’où vient votre attachement avec la Goutte d’Or ?
B : Célia y a habité quelques temps et moi j’y vis depuis une dizaine d’années avec des interruptions dues à des séjours à l’étranger. On a appris à l’aimer à force de la fréquenter, tout simplement.

Quel est votre rapport avec l’alimentation ? Cuisinez-vous vous-même ?
Célia : Je cuisine beaucoup, j’aime bien manger et savoir d’où vient ce que je mange. On a toutes les deux beaucoup voyagé, travaillé à l’étranger et donc découvert l’alimentation à l’étranger. L’alimentation arrive à faire parler du lieu où on est, de là où on vit et permet d’échanger avec les gens.
B : Moi je ne cuisine pas du tout, mais j’aime beaucoup manger. J’ai aussi été sensibilisée à d’autres enjeux liés à l’alimentation parce que je fais partie de la Coopérative alimentaire de la Goutte d’Or, rue Myhra et je fais partie de l’AMAP, rue de la Goutte d’Or. Donc au-delà de l’aspect festif, de partage, de découverte et de communion qu’il y a autour de la nourriture, je suis sensible au fait que la nourriture ne s’arrête pas à ce qu’on a dans son assiette.

« Je ne crois pas qu’il existe beaucoup de quartiers comme ça à Paris »

Avec ce projet, quel est votre objectif ?
C : Se faire plaisir d’abord. Et puis travailler ensemble, parce qu’on est assez complémentaires. Barbara vient du monde du journalisme, elle fait davantage de vidéo. Moi je viens d’une école d’art, je fais de la photo, des documentaires, du graphisme... Au-delà de ça, c’est aussi passer du temps avec les gens, aller vers eux, raconter leurs histoires, faire le lien entre eux. L’alimentation est un bien commun et collectif qui fédère une communauté.
B : Le but est aussi de dresser un autre portrait de la Goutte d’Or, qui échappe au clichés. Dès qu’on rentre un peu dans l’intimité des gens, les détails de leur quotidien, les clichés tombent tout seuls. La nourriture est une bonne entrée pour aborder les gens, car à travers ça, ils racontent volontiers leurs souvenirs d’enfance ou avec qui ils partagent leurs repas.

Est-ce que ce projet ne pouvait se faire qu’à la Goutte d’Or ?
B : C’est quand même assez rare d’avoir un quartier aussi petit dans lequel on trouve à la fois une institution de la cuisine indienne, puisque Navel est là depuis une trentaine d’années, un endroit aussi chaleureux et agréable que la Table Ouverte qu’on trouve à l’Institut des Cultures de l’Islam, un haut représentant de la boulangerie traditionnelle française comme Tembely, une épicerie africaine comme Koyaka Market et puis des endroits où tous ceux-là se croisent comme les fêtes de quartier. Je ne crois pas qu’il existe beaucoup de quartiers comme ça à Paris.
C : On voulait s’intéresser à quelque chose qui est en bas de chez nous. Moi j’étais dans le quartier il y a 10 ans et je le retrouve changé. On est à un moment charnière où ça a déjà changé même si ça ne s’est pas encore complètement transformé.

De quels changements parlez-vous ?
C : Déjà sur le plan de l’urbanisme. Quand je suis revenue il y a un an, j’ai remarqué que c’était plus propre. Il y a des nouvelles constructions, l’arrangement urbain a un peu changé. On sent que ça s’est un peu modernisé, même si tout n’est pas fini. Il y a dix ans, on voyait encore beaucoup d’immeubles murés ou insalubres. Aujourd’hui, il y en a qui ont déjà été reconstruits. La population change aussi.
B : L’installation de la boulangerie Tembely semble assez caractéristique, parce qu’elle est née d’une politique volontariste de la ville permettant l’installation de commerces qui n’étaient pas du tout représentés à la Goutte d’Or. En allant à Tembely un matin, on a découvert que les horaires d’ouvertures de cette boulangerie sont calqués sur les horaires de la première prière à la mosquée. Tembely est l’archétype de la boulangerie traditionnelle française avec un boulanger qui commence à travailler à 4 heures du matin, alors qu’à 6 heures du matin, il y a essentiellement des gens qui sortent de la mosquée. Pour moi, c’est typique de la Goutte d’Or. Ça change, sans chasser ce qui faisait la Goutte d’Or auparavant. De nouveaux mélanges sont créés.

Vous affirmez donc que l’alimentation est en quelque sorte un marqueur de l’évolution du quartier.
B : Oui c’est un peu ça. C’est aussi le témoin de la coexistence qui se poursuit entre les pâtisseries traditionnelles algériennes comme celle rue de la Goutte d’Or et les pâtisseries artisanales françaises.

« Les gens sont très flattés et fiers qu’on les mette en avant »

Comment avez-vous rencontré vos interlocuteurs dont vous faites le portrait ? Par hasard ? Après une petite sélection ?
B : Un peu des deux. J’ai pas mal repéré en amont mais après il y a eu des personnes comme Hélène Tavera, qui organise des visites gastronomiques à la Goutte d’Or, qui ont joué les médiateurs et nous ont présenté à d’autres personnes. Il n’est pas forcément évident d’aller voir les gens en disant qu’on aimerait les filmer, les photographier, recueillir des témoignages. Ça a été aussi un travail au long cours. On a fait un premier diaporama sonore qu’on a fini en septembre dernier, on l’a montré à tout le monde et ça a permis de montrer aux gens qu’on était respectueux de ce qu’ils étaient.
C : Il y a moins de pudeur qu’il y a dix ans, où j’avais déjà essayé de faire des photos ici et c’était vraiment dur. Là, on a été surpris de voir que les gens voulaient bien participer.

Alimentation Générale from Barbara Vignaux on Vimeo.

Quelles ont été les réactions des personnes interrogées ?
C : On a fait des portraits fixes, posés, avec des éclairages. C’est génial parce que les gens sont très flattés et fiers qu’on les mette en avant. C’est plaisant de procurer ça aux gens, de leur permettre de ressentir ça.
B : Ça a créé des relations chaleureuses avec des personnes qu’on ne connaissait pas très bien au début. Maintenant, quand on se croise, on discute facilement. J’ai découvert beaucoup de choses. Même ma façon de manger a changé. C’est un peu catastrophique parce que moi qui détestait les pâtisseries orientales, maintenant je les adores, ce qui n’est pas une très bonne chose pour ma ligne ! (Rires)

Y a-t-il un point commun à toutes ces personnes que vous nous faites découvrir ?
C : Ils adorent le quartier. Ils y sont très attachés.
B : Et ils ont le goût de partager ce qu’ils aiment et ce qu’ils ont vécu, y compris les plus pudiques. C’est chouette qu’ils aient bien voulu se prêter à ce jeu-là.

Vous n’avez pas rencontré uniquement des professionnels de l’alimentation. Il y a aussi Père Livio, Jacky Libaud de l’association Balades aux jardins... Pourquoi ces personnes ?
B : Jacky connaît plein de choses sur ce qui est comestible dans les jardins de la Goutte d’Or. Il ne cuisine pas du tout, mais son rapport personnel à la nourriture est intéressant. Marie-Odile, une habitante du quartier, l’est aussi car elle va vraiment partout, sans aucun préjugé : elle a repéré où sont les beaux gâteaux, où se trouve l’épicerie pour avoir tel condiment, etc. Elle est juste une habitante, entre guillemets, mais elle a une culture gastronomique locale très étendue.

En quoi la photo et l’enregistrement sonore étaient les médias adéquats pour ce projet ?
C : La photo permet de voir vraiment les gens et d’être dans l’image de qualité, sans être dans un flux. Avoir un son détaché de l’image, avec une texture très vivante et fluide, alliée avec quelque chose de très fixe, on joue sur des temps de représentation différents.

Pensez-vous que ce documentaire ait un aspect pédagogique pour les gens qui ne connaissent pas bien ce patrimoine gastronomique et ce quartier ?
B : Oui un peu, même si ce n’est pas encore très développé. On souhaite développer plus tard une partie avec les recettes.
C : On a aussi dans l’idée de développer des partenariats avec des écoles et de travailler avec les enfants sur l’alimentation. C’est une thématique commune à tout le monde que l’on peut décliner de plein de manières différentes. Mais le terme pédagogique n’est pas tout à fait adapté. Je parlerais plutôt de partage de cultures, d’expériences, de connaissances et d’histoires.



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